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24
Août

À la rencontre de la société SAPIN

« SAPIN SA est certifiée PEFC depuis janvier 2004 »

Depuis 1986, la société SAPIN est active dans l’achat, la vente et le transport de bois, tant en Belgique qu’à l’étranger. Benoit Bauwens, ingénieur des Eaux et Forêts et membre de la Fédération des experts forestiers de Wallonie, a rejoint l’entreprise SAPIN SA en 1991. Il est, entre autres, responsable de la chaine de traçabilité et des certifications forestières FSC et PEFC. La Société Royale Forestière de Belgique est allée à sa rencontre.

Interview :

> Monsieur Bauwens, pouvez-vous nous décrire SAPIN SA ?

La société SAPIN est née en 1986 d’une joint-venture1 entre différents groupes papetiers. SAPIN est actif dans l’achat (200.000 m3 par an soit sur pied, soit bord de route et 500.000 à 600.000 m³ équivalents en négoce), la vente et le transport de bois ainsi qu’en import maritime. SAPIN livre à des papeteries, des scieries et des usines de trituration.

SAPPI2 est aujourd’hui l’unique propriétaire de SAPIN depuis fin 2015. SAPIN est donc une filiale du groupe SAPPI.

> Comment votre entreprise a-t-elle évolué depuis sa création ?

Dès sa création, SAPIN SA a eu la vocation d’alimenter les papeteries avec du bois d’épicéa pour la production de pâte à papier mécanique (par opposition à la pâte chimique). Nous avions déjà trois sources d’approvisionnement : les plaquettes de scierie, les exploitants forestiers et notre propre département d’exploitation forestière.

Au début de notre activité, en forêt, il existait ce que nous appelions communément des « coupes de bois de papier », qui étaient des premières, deuxièmes et un peu de troisièmes éclaircies. Mais les évolutions technologiques de sciage ont changé la donne. L’industrie de première transformation a commencé à scier des petits bois. Les « coupes de bois de papier » sont devenues des coupes de sciage de petits diamètres. SAPIN SA s’est alors davantage orientée vers le bois de sciage résineux pour approvisionner des scieries auxquelles elle rachète les plaquettes, qui iront en papeterie.

En 1994, SAPPI a commencé à utiliser également du bois de peuplier en complément de l’épicéa car celui-ci permettait d’augmenter la vitesse de production et de gagner des points de blancheur dans le papier.

> Quelle est la stratégie de votre société mère et ses applications sur votre activité ?

En 2019, SAPPI a investi plus ou moins 145 millions d’euros afin de produire un autre type de pâte à papier. Il s’agit d’un investissement sur du long terme avec un processus d’amélioration continue qui permettra à SAPPI de se développer sur de nouveaux marchés. L’objectif est la spécialisation dans certains types de produits de qualité. Actuellement, nous pouvons approvisionner SAPPI avec la plupart des feuillus. Sont néanmoins exclues certaines essences comme le châtaignier, le tilleul, l’acacia, etc. Si à une certaine époque SAPIN a quasiment commercialisé 2.000.000 équivalents m³ de bois par an, ces dernières années, nous négocions et exploitons annuellement entre 700.000 et 800.000 m³ par an.

> Quelles essences achetez-vous ?

Sur pied, les essences principales sont l’épicéa, le Douglas et le mélèze. Par contre, nous achetons également beaucoup de bois en bord de route, ou livré en usine, et ce, aussi bien en feuillus qu’en résineux.

> Quelle quantité de bois transite par chez vous ?

SAPIN ne possède pas de dépôts. Les bois exploités sont directement acheminés chez le client. Il en est de même pour les produits connexes de scierie qui sont enlevés par nos soins puis livrés chez nos clients.

> Où vous approvisionnez-vous ?

SAPIN exploite et négocie dans un rayon de 250 à 300 km autour de son siège. C’est-à-dire le Nord de la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Ouest de l’Allemagne. Nous importons également d’importants volumes de bois de sciage, de papeterie et de biomasse depuis divers pays européens tels que le Royaume-Uni, l’Irlande, la Scandinavie ou les pays baltes.

> Que deviennent ces bois ?

Comme nous l’avons dit précédemment, SAPPI, notre maison mère, transforme le bois en papier de luxe. D’autres produits que SAPIN exploitent sont transformés en carton, en panneaux MDF, en OSB et bien sûr en sciages.

> Depuis quand votre entreprise est-elle certifiée PEFC ?

SAPIN SA est certifiée PEFC depuis janvier 2004.

> Pourquoi avez-vous posé le choix de la certification PEFC ?

La certification forestière PEFC possède des valeurs qui rejoignent celles de SAPIN. De plus, le marché du papier est un marché mondial dans lequel la concurrence est importante. De ce fait, il est important que SAPIN soit certifié afin de ne pas faire perdre de marchés à sa société
mère SAPPI qui est également certifiée FSC et PEFC.

> La certification PEFC est-elle importante pour vous ?

Lorsque l’on veut avoir une vision à long terme, on est obligé de penser en termes de ressources, le bois dans notre cas, et d’en assurer la pérennité. Les systèmes de certification offrent ces garanties. Il est donc vital pour une entreprise comme SAPIN, que des systèmes de certification tels que PEFC, FSC, SFI et autres équivalents existent et garantissent la pérennité et la durabilité de nos forêts.

> Avez-vous une demande importante en bois labellisé PEFC ?

Actuellement, cette demande provient essentiellement des papetiers et des panneautiers. Mais la demande augmente également en produits sciés. À ceci, il faut ajouter que les produits connexes de scieries, les plaquettes, exigent de plus en plus une labellisation, ce qui pousse les scieurs à entamer les démarches de certification.

> Quelle est la proportion de bois labellisé PEFC que vous achetez ?

Actuellement, nous achetons et vendons approximativement 25 % de bois certifiés PEFC. Mais il faut tenir compte du fait que certains de nos fournisseurs possèdent la double certification FSC et PEFC et que nous n’en utilisons qu’une seule à la fois. Sans cette « subtilité », le pourcentage de bois PEFC serait de l’ordre de 35 %.

> Trouvez-vous assez de bois certifié ?

La réponse est clairement non. Ceci nous oblige parfois à importer plus de bois. Ce qui, dans une démarche écologique et protectrice de l’environnement, est une aberration. Si la quantité de bois recherchée était disponible et certifiée, nos importations pourraient être largement diminuées.

Des efforts de certification devraient être effectués par les propriétaires mais ils ne sont pas les seuls concernés, les marchands qui ne s’engagent pas dans la certification ne peuvent vendre le bois d’une forêt certifiée comme tel. C’est une perte pour l’aval de la filière.

> Vous arrive-t-il de mettre quelques euros de plus pour du bois certifié PEFC ou de refuser d’acheter un lot non certifié ?

Cette question revient régulièrement sur la table. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de donner une « prime » pour du bois certifié mais plutôt de pénaliser le bois qui ne l’est pas.

Pourquoi cette méthode ? La réponse est simple, la concurrence pour les achats de bois est aujourd’hui telle que nous devons toujours proposer le meilleur prix, une majoration ne serait pas viable économiquement.

> Vous achetez aussi bien en forêt privée qu’en forêt publique ?

Oui. Nous ne faisons pas de différence au moment de l’achat.

> En forêt publique, tout est quasiment PEFC ? Cela ne suffit-t-il pas pour les approvisionnements ?

Oui et non. En théorie oui, mais la réalité de terrain contredit cette affirmation car plusieurs de nos clients travaillent en crédit volume avec l’impossibilité physique de faire des séparations de stocks de bois certifiés et de bois non certifiés.

Dès lors, ceci implique que SAPIN SA doit faire annuellement son analyse de risque pour du bois venant de sources contrôlées, pour que nos clients puissent mélanger toutes nos sources d’approvisionnement. Il est clair que si tout bois entrant était certifié, la vie serait beaucoup plus simple…

> Quelles seraient les conséquences pour votre entreprise si vous perdiez votre label PEFC ?

Comme décrit ci-dessus, cette question n’est pas envisageable.

> Depuis que votre entreprise est certifiée, avez-vous ressenti une évolution du marché en termes de produits labellisés ?

Depuis 2004, il est clair que la demande a augmenté, mais cette tendance ne vient pas nécessairement de l’utilisateur final qui n’oriente pas uniquement ses choix de consommation en fonction de critères de qualité ou de normes mais aussi en fonction du prix des produits.

Cette augmentation de la demande reflète également une volonté du secteur industriel qui souhaite absolument garder toutes les portes des marchés ouvertes.

> Pensez-vous qu’il est important pour les propriétaires privés de se certifier ?

La demande en bois explose depuis plusieurs années. Le bois bénéficie toujours d’une image positive. Mais aujourd’hui, cette demande représente un risque pour la survie, la pérennité de la forêt. Nous ne pouvons pas demander à la forêt d’être une source conséquente d’énergie et le seul matériau de construction. La forêt ne peut donner que ce qu’elle produit. Galvauder ce patrimoine naturel serait absolument contre-productif.

L’intérêt de la certification des forêts est, entre autres, de garantir aux industriels une source d’approvisionnement pour de nombreuses années. La certification est, dès lors, indirectement une motivation pour investir et engager du personnel, faire marcher l’économie d’un pays.

Faire certifier sa forêt, c’est aussi un moyen de montrer que l’on ne fait pas que de la spéculation financière. Cela donne une image très raisonnée et raisonnable des propriétaires, elle donne dès lors confiance à nos industriels dans le futur.

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PEFC logo

Photo : © Sapin SA

  1. Une coentreprise, également appelée une entreprise commune, une entreprise en participation ou un(e) joint-venture (anglicisme régulièrement utilisé en français) est un accord passé entre deux ou plusieurs entreprises qui acceptent de poursuivre ensemble un but précis pour une durée limitée. Source : Wikipedia
  2. SAPPI est une multinationale spécialisée dans la production de DWP, de pâte à papier (pulpwood), de papier à impression (release paper) et dans les solutions de bioraffinage pour ses clients directs et indirects. SAPPI Europe est le premier producteur européen de papier graphique couché ainsi que de papiers d’emballage et de spécialité. Source : https://www.sappi.com et
    https://www.sapin.be/sappi/
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